61. Une autre Russie

De St Petersburg à Moscou, puis de Moscou à la frontière Lettone, nous parcourons 1 400 km de campagne russe et traversons quelques rares villes et villages. C’est bien une autre Russie qui est très différente des deux métropoles. La route (ou autoroute au Nord de Moscou) est très monotone: immenses lignes droites dans une campagne très boisée et quasi déserte. Les villes traversées sont pauvres, les rues en mauvais état. Les routes secondaires sont goudronnées sur 50 mètres, puis elles deviennent pistes voire chemins forestiers avec de profondes ornières. Et nous croisons bien peu de monde entre Moscou et la Lettonie. Il fallait faire ce voyage pour se rendre compte (un peu) de ces réalités que nous allons tenter de retraduire dans cet article.

Sur les grands axes, les noms de ville sont en russe et en anglais. C’est grâce à ces pancartes que nous avons finalement appris assez vite à déchiffrer le cyrillique
Campagne russe: prairies et bois à perte de vue, et très peu de villages. Chose étrange, il n’y a quasiment pas d’agriculture dans ces grandes étendues hormis peut-être la sylviculture: pas de céréales, les prairies ne sont pas fauchées, et nous avons vu très peu de bétail
La forêt est très humide et le sol est gorgé d’eau. Résultat: des nuées de moustiques affamés
L’autoroute qui relie St Petersburg à Moscou semble récente, et les stations essences sont des installations provisoires dans des conteneurs. Ce n’est qu’à la sortie de la station qu’il est indiqué que la prochaine est à … 75 km ! En Russie, on passe d’abord à la caisse pour définir et payer la quantité d’essence que l’on souhaite. Il faut donc bien connaitre sa machine !
La route est droite à l’infini, la vitesse limitée à 100 ou 110 km/h, mais tout le monde s’en f… Il faut bien regarder dans son rétroviseur avant de déboîter pour doubler car il n’est pas rare d’être rattrapé par un bolide lancé à près de 200 km/h que l’on ne voit qu’au dernier moment
La Volga, Dans nos souvenirs d’enfants en cours d’histoire géo, c’était une rivière impétueuse. Tous comptes faits , elle n’est pas plus grosse que le Lot
Les maisons sont en bois, toutes construites sur le même modèle avec 3 ou 4 fenêtres en façade. Ce sont les fameuses Isbas
Mais beaucoup sont en piteux état, à moitié effondrées, ou carbonisées
Nous avons passé une nuit dans la petite ville de Vychni Volotchek. C’est une ville assez pauvre avec des barres d’immeubles décatis, et des rues qui ont été goudronnées dans une autre vie mais dont le revêtement à quasiment disparu
Les carcasses de voitures encombrent les “trottoirs”
Jo, ce modèle est introuvable en France, on achète ?
Entre Moscou et la Lettonie, nous avons fait une halte dans une résidence de vacances pour citadins en mal de calme, au bord d’un lac. Nous avons dormi dans un petit chalet comparable aux “cabins” des pays nordiques, très bien équipé, très confortable, et très bon marché. Mais l’ambiance de ce lieu de vacances était bien particulière: quasi désert, aucun bruit de jeux d’enfants, installations vétustes et mal entretenues
Aller, un peu de fantaisie: nous nous sommes arrêtés chez un brocanteur un peu déjanté qui expose un fouillis d’objets de toutes sortes, beaucoup d’origine soviétique. Le tout dans une Isba qui penche drôlement mais tient toujours debout, pour l’instant …
Le deuxième élan que nous aurons jamais vu, chevauché par Philibert le téméraire

Et pour finir, petite histoire de frontière

Ici s’arrête la Russie et commence la Lettonie

Après la Russie, nous avions prévu de continuer vers le Sud, mais nous avons dû changer nos plans:
– impossible de passer en Biélorussie par la route car il faut un visa dont l’obtention nous aurait coûté au moins 10 jours d’attente supplémentaire à Helsinki,
– et la frontière Russie Ukraine semble fermée, ou a minima très difficile à traverser.
Nous avons donc décidé de remonter vers la Lettonie en pensant que la sortie du territoire russe serait facile, et l’entrée dans l’Union Européenne une simple formalité. Résultat des courses:
– trois heures pour sortir de Russie
– une heure et demie pour rentrer en Lettonie
Total: quatre heures et demie d’attente en plein soleil, face à des fonctionnaires aussi agréables d’un côté et de l’autre de la frontière (…) et à des procédures d’une lourdeur difficile à croire. Sept contrôles au total !
Seul point positif: cette attente interminable nous a permis de sympathiser avec les rares autres motards présents: un russe, un chinois de Pékin, et surtout Cécile et Michel, deux aventuriers belges de retour du Kazakhstan, et que nous retrouverons à l’hôtel côté Letton.

Alors la Russie ?

Et bien, malgré le ton un peu négatif de ce dernier article, nous avons vraiment aimé, et nous regrettons d’avoir obtenu un visa de onze jours seulement. Avec quinze jours de plus, nous aurions pu pousser plus à l’Est et visiter quelques villes de province. Oui, la conduite en Russie est plus dangereuse. Oui, on ressent un petit stress permanent en dehors des grandes villes, sans doute lié à l’inconnu et aux histoires que nous avons entendues avant de partir. Mais la plupart des russes que nous avons rencontré sont très accueillants, serviables et bons vivants.
Et pour finir, mis à part les difficultés administratives, il est en fait assez facile de faire ce voyage en moto.

Voilà donc une nouvelle étape un peu mythique (pour nous) de franchie, nous attaquons désormais le contournement de la Biélorussie par les pays baltes, et ferons probablement un détour par la Pologne.
A suivre

Envoyer un commentaire / Send a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

3 commentaires