93. Les Balkans

Les Balkans désignent une vaste zone qui regroupe les pays suivants: l’ex-Yougoslavie (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Kosovo, Macédoine du Nord) et l’Albanie. Mais au sens large, la péninsule balkanique comprend aussi la Grèce, la Bulgarie, la Moldavie, un bout de Roumanie et la partie européenne de la Turquie. Ça fait donc un moment que, sans le savoir, on vous parle des Balkans !
Alors cet article devrait plutôt s’appeler “ex-Yougoslavie”, mais tous les voyageurs que nous avons croisés utilisent le terme Balkans.
Nous vous avons déjà parlé de la Macédoine (du Nord), nous allons maintenant traverser au pas de course les autres pays de l’ex-Yougoslavie, malheureusement dans des conditions difficiles avec notamment de la pluie, du brouillard, de la pluie, du brouillard, et de la pluie … Donc peu de photos, notre appareil n’aime pas l’eau, mais quelques images quand même de cette traversée des Balkans qui nous a émus.

Vous vous en doutez, ce sont les traces de la guerre de Yougoslavie qui nous ont marqués, en particulier en Bosnie, alors commençons par un bref rappel d’histoire contemporaine sans prétention pour planter le décor. Mais nous vous engageons à approfondir en cherchant sur internet car cette guerre est vraiment compliquée.
La Yougoslavie était un état fédéral composé de plusieurs républiques dans lesquelles les citoyens yougoslaves avaient également une nationalité: serbe, croate, bosniaque … A la fin de l’ère communiste, les nationalismes ont repris le dessus, les serbes de Croatie voulant être rattachés à la république serbe, les croates et les slovènes proclamant leur indépendance, suivis plus tard par la Bosnie, montant ainsi les différentes communautés les unes contre les autres.
La guerre a vraiment éclaté au printemps 1991, entre serbes et croates (la Croatie comprenant un tiers de serbes). Elle va s’étendre en 1992 à la Bosnie, la plus hétérogène des républiques de Yougoslavie et se poursuivre au Kosovo. C’est en Bosnie qu’elle sera la plus meurtrière avec près de 100.000 morts, et on en voit encore aujourd’hui les traces partout dans les villes et la campagne bosniaque. C’est une guerre dans laquelle chaque communauté tente par la violence de faire fuir les autres pour étendre son territoire.
La guerre prend théoriquement fin entre serbes, croates et bosniaques le 21 novembre 1995 avec l’accord de Dayton qui redéfinit les frontières. Mais le Kosovo n’est pas couvert par ce traité et la guerre s’y poursuivra jusqu’en 2001 !

Le Kosovo

Si vous regardez différentes cartes des Balkans, vous verrez que la frontière entre la Serbie et le Kosovo est tantôt en trait plein, tantôt en pointillés. C’est une manifestation des tensions qui existent encore dans la région: le Kosovo a proclamé son indépendance le 17 février 2008. Il est peuplé majoritairement d’albanais, et nous avons en effet vu des drapeaux albanais tout au long de la route, sauf au Nord. Pourquoi ? Parce que le Nord du Kosovo est majoritairement peuplé de serbes qui revendiquent le maintien du Kosovo au sein de la Serbie. La situation est donc toujours tendue et suffisamment confuse pour que le Kosovo ne soit pas reconnu par une partie de la communauté internationale. Elle pourrait se résoudre avec un nouveau tracé des frontières, à suivre …
Le Kosovo est à l’évidence un pays (ou une région …) pauvre: les maisons sont en mauvais état, souvent pas finies. La plupart des voitures que nous croisons sont en piteux état, la route est également assez mauvaise, et nous ne voyons aucun chantier.

Surprenant: le Kosovo a adopté l’Euro alors qu’il ne fait pas partie de la zone Euro ! En apparence, cela rassure, mais c’est également le seul pays de notre voyage (et nous en sommes à 30 pays) dans lequel notre assurance moto ne fonctionne pas. Il nous a fallu signer un contrat de 30 jours au passage de la frontière, prix 20€, mais ramené à 10€ car nous n’avions pas plus sur nous en liquide …

Vous verrez peu de choses du Kosovo, et ce n’est pas notre faute car voilà ce que nous avons principalement vu ! Et oui, c’est l’automne …
Les albanais sont de tradition musulmane, d’où ces mosquées disséminées dans la campagne kosovare

Le Monténégro

Après avoir traversé le Kosovo, nous faisons une petite incursion dans l’Est du Monténégro. Trop court pour se faire une idée, et avec un temps trop bouché pour faire de belles images.
La frontière entre les deux pays est en pleine montagne, assez haut pour être au-dessus des nuages (c’est le seul endroit où nous aurons un bref instant un soleil magnifique) et pour que la température tombe à 3°C.
Amusant: près de deux kilomètres séparent les deux postes frontière !
Côté Monténégro, les routes sont en bon état, sinueuses à souhait, un plaisir de motard, mais un peu gâché par la météo.

La rivière Zupanica
Pont suspendu sur la rivière Zupanica. Bien qu’en mauvais état (beaucoup de planches cassées, câbles effilochés), les habitants l’utilisent avec leur voiture, au ralenti …

La Serbie

Notre route nous mène ensuite en Serbie au travers des montagnes. Le paysage est très beau même si le temps ne le met pas en valeur. Mais nous ne traversons aucun village pittoresque. Au lieu de cela, nous voyons des maisons sans aucun charme éparpillées n’importe comment le long des routes et en pleine campagne. Tout est gris, moche, déprimant …

La frontière entre Monténégro et Serbie, en plein défilé
C’est bien l’automne !
Le monument de Kadinjača près de Užice, de style très communiste. Gigantesque, il a été érigé en 1979 à la gloire du bataillon des travailleurs d’Užice qui a combattu les nazis en 1941

La Bosnie-Herzégovine

La frontière entre la Serbie et la Bosnie est au deux tiers matérialisée par la rivière Drina. Nous l’avons traversée à Bajina Bašta, puis avons longé la Drina côté bosniaque sur quatre-vingt kilomètre jusqu’à Zvornik. Les plaies de la guerre y sont visibles partout: maisons criblées d’impact, éventrées, tombes par centaines le long de la route. C’est aussi à l’évidence une zone de grande pauvreté, et l’ambiance déjà déprimante est en plus plombée par la météo automnale qui ne nous lâche pas.
En discutant avec des locaux, nous avons découvert que l’accord de Dayton a conduit à des déplacements forcés de population. Ainsi, des familles serbes de Sarajevo ont eu cinquante jours pour quitter la ville et se reloger à proximité de la frontière serbe, avec les moyens du bord. En voyant l’état de la région, on imagine la détresse de ces familles qui ont dû repartir de zéro.
Aujourd’hui encore, la Bosnie est le pays des Balkans le plus hétérogène où doivent cohabiter les différentes communautés.
Mais les quelques jeunes que nous avons rencontrés nous ont présenté une image dynamique, positive: la vie reprend ses droits, la paix est là même si des tensions demeurent, et on leur souhaite de réussir à maintenir cette paix et vivre ensemble.

La quasi totalité des maisons sont dans cet état: pas finies, sans portes ni fenêtres, et pourtant, beaucoup sont habitées.
Maisons criblée d’impacts, détruite. Il y en a des centaines le long de la Drina
Nous avons dormi dans le surprenant hôtel Vidikovac qui surplombe la Drina à proximité de Zvornik. En face, la Serbie.
C’est un hôtel haut de gamme avec une excellente qualité de service, le tout à un prix très raisonnable, nous vous le recommandons absolument.
Nous descendons vers la Croatie par les petites routes, avec un passage par la ville de Mostar. Là aussi les traces de la guerre sont visibles partout avec des façades d’immeubles criblées d’impact.

Notre traversée express des Balkans se termine, nous en retiendrons qu’il est très facile d’y circuler et de s’y loger. Les gens y sont accueillants mais peu parlent anglais. Le réseau routier est correct, il ressemble à nos routes départementales, et les stations service ne manquent pas (et l’essence y est vraiment bon marché). Côté ambiance par contre, nous avons trouvé cette région triste et un peu déprimante. Cela est forcément dû à toutes ces traces de la guerre qui restent tellement visibles, mais aussi à notre passage un peu trop brutal de l’été indien de la Grèce et l’automne rugueux des Balkans.
Nous sortirons des Balkans par la Croatie, et vous verrez que le contraste avec la Bosnie est saisissant !

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